Alors voilà ! Tu as fait tes valises, pris ton billet d’avion et tu es parti-e. Tu as suivi ta moitié dans ses aventures exotiques et vous vous êtes exportés. Mais quand le premier jour, il/elle est parti-e accomplir glorieusement la tâche pour laquelle vous avez traversé l’océan, tu es resté-e à la maison.
Tout-e seul-e…
L’arrivée
C’est le début des ennuis. C’est le début d’une aventure douce-amère. Parce que toi, personne ne t’attend. Pas d’entreprise, pas d’amis, pas de famille pour t’entourer. Et un agenda immaculé, pure de toutes obligations. Le vide est vertigineux.
Et passée l’excitation de la nouveauté, passée la lune de miel de la découverte…quand tu réalises qu’ici c’est chez toi maintenant, pas une destination de voyage, et qu’il faut construire une nouvelle vie depuis les fondations…Tu es à la fois écrasé-e par la tâche, perdu-e, émerveillé-e à chaque « baby step » effectué. Tu es un gros shaker émotionnel.
Ton-a conjoint-e est dépassé-e par les événements : nouveau poste, nouvel environnement, nouveaux collègues, nouvelle langue. Les premières semaines, il/elle cherche à survivre à chaque journée passée dans un brouillard épais, tente de dissimuler tant bien que mal son incompréhension totale des discussions et évite soigneusement de répondre au téléphone. Il/elle rentre le soir avec un mal de crâne digne d’un début de tumeur cérébrale. Et ce, pour les 2 ou 3 premiers mois.
Les premiers mois, tu regardes passer les trains
Ton arrivée est moins violente. Plus vide aussi. Plus lente. Comme ton intégration. Moins d’interaction avec ton nouveau pays et ses habitants.
Tu ne participes pas pleinement à l’aventure. Tu n’es pas intégré-e dans la vraie vie, celle des grands avec un costume et un blackberry. Tu joues à la femme de ménage (overrated comme jeu), à l’étudiant sur le retour, au sportif, au dilettante…Mais pas à l’adulte qui travaille ! Le matin, tu vois la ville s’agiter au loin, les fourmis se rendre à la fourmilière. Toi, cigale, tu prends ta guitare et tu révises tes accords.
D’ailleurs, on ne te prend pas trop au sérieux. Quand ton mec/ta nana est chercheur-se en maths, toi tu es…ben tu ne sais pas trop justement en ce moment. Avant tu avais un job qui te donnait une réponse rassurante et simple à cette foutue question : « Et toi, tu fais quoi ? ».
Pour peu que tu tires ta faible confiance en toi de tes faits de gloire au travail, te voilà foutu-e ! Déprimé-e, honteux-se, et pas toujours compris-e par ton entourage en extase devant ta nouvelle ville (NYC/Tatahouine-les-bains, c’est géniââââââl !!!).
Refaire sa vie, c’est chouette !
Pourtant, on n’a pas tous les jours l’occasion de recommencer sa vie. Et s’expatrier, c’est tout recommencer : vie sociale, vie pro, et souvent aussi modes de vie, sport, hobbies. C’est une occasion unique de tout changer : tout est possible.
Tu as déjà tout plaqué, alors pourquoi tu ne te commencerais pas une carrière artistique de haut niveau dans la poterie maintenant ? Tu en avais envie, maintenant, plus rien ne t’en empêche (rappelle-toi : l’agenda est vide, très vide). A Paris, tu regardais gonfler ta brioche, maintenant tu fais du sport 4 fois par semaines minimum (ça occupe).
C’est grisant de prendre une nouvelle direction (même celle de la poterie). C’est chouette de regarder derrière soi et se dire : « Un an auparavant, on m’aurait dit que je serais ici (NYC) et que je ferais ça (potier-ére bodybuildé-e), je ne l’aurais pas cru un seul instant».
Mais tout ça requiert une énergie incroyable. Tous les matins, le réveil sonne, ton mec/ta nana se barre au travail et … voilà, voilà ! Tu dois faire appel à ton imagination pour occuper tout ce temps libre et solitaire. Au fil du temps, tu deviens bon à ce jeu là. Tu expérimentes tout (rien à perdre) et tu te découvres même, au détour d’un embranchement emprunté par hasard, des talents insoupçonnés, qui attendaient qu’on les bouscule.
Le miel et le fiel
Finalement, c’est une immense série de montagnes russes dans laquelle tu t’es embarqué-e. Une alternance frénétique et imprévisible de moments de grâce et de doute.
Certains jours, tu te demandes ce que tu fais là. A être personne, socialement, professionnellement. Tu te rappelles même avec nostalgie ton taf d’avant (faut vraiment avoir la mémoire courte !).
Et puis, tu rejoins ton/ta pote de galère pour une ballade, la lumière qui baigne le paysage, le spectacle hétéroclite de la rue, les gens incroyables que tu rencontres, tout s’agence dans une harmonie parfaite et tu te dis : « J’ai une chance extraordinaire. J’ai jamais été heureux-se comme ça jusqu’ici ». Tous tes efforts semblent être récompensés, tous tes sacrifices oubliés. Tu vis, plus intensément.
3 avril 2014 at 6:02
Tout est là ! Dans le texte ! Je confirme ! 😉 Expérience á vivre !
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4 avril 2014 at 5:07
@Biene, tu viens tout simplement de baptiser ce blog!!! Premier commentaire d’une longue liste, on espère! Merci bien en tout cas! Pour en venir au contenu du message, on est contents que ça fasse écho avec ton expérience. C’est un peu le but : de partager une tranche de nos vies, vous faire marrer, y compris un peu jaune de temps à autre.
Des bises!
A.
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3 avril 2014 at 8:05
« Faut vraiment avoir la mémoire courte » Naaaaaaaaaaaaaaaan, mais faut pas que tu dise ça. Nous on t’aime.
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4 avril 2014 at 5:09
Ahah…Mais qui a dit qu’il s’agissait de MON ancien travail. On parle en géneral ici 😉
A.
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4 avril 2014 at 8:12
Je te l’avais déjà dit Anna, j’adore! On s’y retrouve et oui, on rigole! Félicitations à Julien aussi pour les dessins, ils sont supers. Prochaine étape, une petite BD? Et si retour un jour il y a, vous aurez encore de quoi écrire sur le « reverse jetlag and new complications »… mais vous n’en n’êtes pas là. Gros bisous à vous deux et aux conjoints qui travaillent.
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4 avril 2014 at 2:51
Merci, Julie! T’inquiète, la question du retour est dans les cartons (du blog, pas les miens, ni ceux de Julien a priori). C’est un sujet super intéressant et pas facile. Mais je suis sure qu’avec une touche d’acidité, ça peut faire un article sympa. Ce sera l’occasion d’interviewer qqn peut-être (APPEL DU PIED). Bises à toi!
A.
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4 avril 2014 at 11:20
Coucou Juju et Anna que je ne connais pas! Vous avez un talent fou tous les deux… C’est esthétique, drôle et on est heureux de pouvoir partager un petit bout de votre quotidien d’expats! Bises de l’autre bout du monde.
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4 avril 2014 at 3:01
Bonjour Manue! Bienvenue chez nous! Nous aussi, on est très heureux. Un peu montés sur ressort pour être plus exact. On a toujours un peu peur de se dévoiler, de se raconter, avec une plume qui écrit ou qui dessine. Mais quand ça permet de découvrir un terrain commun, une expérience partagée, une communauté d’esprit avec d’autres personnes…c’est tellement bon!
Bref, je m’égare. Repasse nous voir bientôt;)
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4 avril 2014 at 3:51
Sûr que je vais revenir faire des petits tours sur ce blog, d’autant qu’il va bientôt falloir que je remplisse mon agenda vide d’ici peu, moi aussi…. 🙂 Je vais bientôt retrouver ma condition de « femme de… » 😉 Mais j’ai aussi des projets plein la tête et je serai ravie de pouvoir échanger avec vous sur nos conditions respectives, hi hi hi!
En tout cas, ce blog, c’est une idée génialissime. Vous étiez fait pour bosser ensemble… Et si c’était ça votre projet professionnel à NY: une plume, un crayon et un beau bouquin à vous deux????
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4 avril 2014 at 5:20
Avec plaisir pour échanger, Manue! Si on peut donner un espace pour aborder cet aspect de l’expatriation (qu’est-ce que c’est moche comme mot, il faudrait vraiment trouver autre chose), on sera ravi-es. Viens nous raconter tes aventures et nous soumettre des thématiques pour de nouveaux articles.
Quant à faire un livre…Rien n’est impossible, mais attendons d’abord de donner forme à ce blog. One step at a time, toujours!
A.
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4 avril 2014 at 3:52
Oups, désolée pour l’orthographe…
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11 avril 2014 at 4:54
Les dessins et les textes crient de vérité à tel point que nous sommes littéralement transportés sur place. Nous vivons votre histoire quasiment de l’intérieur. Bravo continuez car ça le mérite.
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11 avril 2014 at 9:40
Merci, Jean-Claude! Des messages comme le tien nous donnent la pêche et l’envie de continuer en tout cas.
A.
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16 juin 2014 at 6:45
Bienvenue dans la blogo ! 🙂
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17 juin 2014 at 4:37
Merci bien!
A.
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24 octobre 2014 at 1:15
C’est le sourire aux lèvres que j’ai lu cet article…on s’y reconnaît tellement…merci pr ce partage et continuez d’occuper les moitiés à la maison…
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24 octobre 2014 at 2:15
Cet article reflete parfaitement la dure realite de conjoint d expat…! Cest rassurant de savoir qu on est pas seule dans cette galere! Merci de m aboir donné le sourire aux levres!
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24 octobre 2014 at 3:54
@Marie et Maude : Bienvenue à la maison! Et oui, on se sent parfois un peu isolé dans les débuts de l’expatriation, paumé et seul. En réalité, il y a énormément de gens qui naviguent ces mêmes eux troubles. Ici, ils sont les bienvenus!
A bientôt dans les parages!
A.
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24 octobre 2014 at 2:36
Joli texte, qui parle bien des conjoints d’expatrié(e)… sans enfant. Car soyez-en assurés, les jeunes: ça change tout! « Tout ce temps libre et solidaire », pfiout, envolé! Bon, maintenant, on ne va pas vous reprocher de ne pas savoir ce que c’est… Profitez. Continuez ce blog, il me paraît manière positive d’employer le temps que vous laisse la vie!
Un expatrié avec enfants qui rêverait d’avoir un « agenda vide »
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24 octobre 2014 at 2:45
Ahah! Guilty! On n’a pas d’enfants! Ca change un peu la donne, c’est certain. Mais les parents sont acceptés aussi. On se renseignera sur leurs moeurs et coutumes pour mieux en parler 😉
A.
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24 octobre 2014 at 5:41
Avec des enfants c’est un peu plus d’organisation mais ça le fait quand même. Bon faut être un peu malade quand même. Mais je pense qu’au final toute la famille s’en trouve enrichie. Nous en sommes à notre 3ème expat et je dois avouer que ça demande une sacrée dose d’énergie pour remplir son agenda et ne pas se laisser engloutir par les murs de son appartement. En tout cas c’est avec plaisir que je vous lis, je déguste chaque post.
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24 octobre 2014 at 8:12
Je ris, je ris, je ris! C’est tellement la vie que je mène… La copine de galère, l’ancien taf, la découverte des loisirs créatifs, et plus que tout… le sport!
Très bonne continuation à votre blog.
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24 octobre 2014 at 10:27
Merci, j’ai beaucoup ri, expatriée que nous sommes depuis 1 mois 😉 et pfffiou… Pas toujours simple !
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25 octobre 2014 at 3:53
sourire a chaque ligne … je me retrouve juste au debut pour le moment …
Lundi ma moitié commencera vraiment le travail et je me sens deja perdue …
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25 octobre 2014 at 4:19
Il faut structurer le temps libre pour ne pas se faire aspirer par le trou noir. C’est comme ça que je fonctionne et au final : j’ai deux blogs, je prends des cours, je joue de la guitare, je fais de la photo et de la vidéo, je fais du sport, et je bossais 3 jours par semaine en tant que bénévole jusqu’à récemment (recherche d’emploi maintenant, youpla boum!). Ca prend du temps à mettre en place toutes ces activités. Alors ton devoir de rentrée lundi, c’est de trouver une première activité régulière. Au passage, vas lire notre article sur les 1000 et 1 activités dans lesquelles on se lance quand on est un expat désoeuvré en quête de soi-même : https://jetlagandothercomplications.com/2014/06/12/se-perdre-saventurer-se-trouver/
Allez, au boulot!
A.
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25 octobre 2014 at 7:07
Oui mais non. Etant arrivé à cheval, l’expatriation a pris chez moi 12 jours de plus que chez les autres. (en cliquant sur ma signature vous pourrez lire le début de mes aventures en Germanie, si ca vous intéresse bien sûr).
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26 octobre 2014 at 7:09
Sympa !! j’aime bien ton blog ! je vais vivre tout ca bientot moi. Je continue a suivre tes aventures ! a bientot 🙂
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30 octobre 2014 at 5:44
Bonjour,
Nous sommes une agence de voyage basée en Asie. Nous aimerions effectuer un partenariat avec vous. Cela pourrait-il vous intéresser?
Merci de votre retour.
Cordialement,
Emilie
Shanti Travel
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30 octobre 2014 at 7:58
Ca y est, c’est le succès ;). Emilie, je vous propose de poursuivre cette conversation par mail : jetlagandcomplications@gmail.com
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1 novembre 2014 at 9:47
J’aimes beaucoup! Je m’y retrouves un peu meme si ma situation est un peu differente (suivie mon amoureux neo-zelandais dans son retour a la maison après 2ans a Londres et 1an en Australie)
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13 novembre 2014 at 5:30
bonjour, je viens de decouvrir ce blog, excellent tellement vrai. j’adore et je dois dire que j’y retrouve beaucoup de mes sensations d’expat’ a Dubai !
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14 novembre 2014 at 6:08
Conjointe d’Expat en Thaïlande je vous rejoins sur toute la ligne. Et avec enfants c encore different mais si ça vous dit je veux bien témoigner. ..continuez et bravo!
Pour ceux qui n’ont pas commencé : écrivez sur un blog ça fait un bien fou!
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19 novembre 2014 at 6:15
Cette scène, je l’ai vécue mille fois :
Ma tendre moitié : « Et voici mon épouse ».
Au pire, j’ai droit à un bonjour poli, au mieux :
X : « Vous travaillez? »
Moi : « non »
X : « Vous avez des enfants? »
Moi : « non ».
Sourire embarrassé de mon interlocuteur. Qui pense : [de quoi pouvons-nous parler?] [La pauvre, que fait-elle toute la journée?] [etc]). Long blanc.
Heureusement, j’ai chaque fois fini par trouver du travail et depuis, j’ai un bébé 🙂
Merci pour ce blog. C’est tellement ça.
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